Les débris plastiques, grands et petits, constituent l’une des menaces majeures pour les écosystèmes. Les microplastiques (< 5 mm) sont d’ailleurs constitutifs de ce que Persson et al. (2022) ont appelés les " entités nouvelles ", dont la frontière planétaire aurait dores et déjà été franchie, du fait de la diversité, de la quantité, de l’ubiquité dans l’environnement et de la dynamique de production exponentielle de ces entités nouvelles. Or, il s’avère aujourd’hui extrêmement difficile de renverser la tendance, tant les plastiques sont partout dans le quotidien et quasiment dans toutes les sociétés humaines. Les macroplastiques (> 5 mm), par leur fragmentation, génèrent par ailleurs des microplastiques de la production jusqu’au post-usage, a fortiori lorsqu’une partie d’entre eux se retrouve dans l’environnement en-dehors de tout système de gestion. Mais, leur résistance physico-chimique – ils sont conçus pour cela – leur confère souvent la capacité de garder les attributs de leur usage, devenant ainsi petit à petit les fossiles de l’Anthropocène. L’étude de leur source, dynamique de transport, ainsi que leur caractérisation fine permet de reconstruire les trajectoires socio-environnementales d’un territoire, afin de dessiner des trajectoires futures qui soient compatibles avec les frontières planétaires, grâce aux politiques publiques. Dans le cadre de cette présentation, nous allons aborder les travaux qui ont été menés sur le bassin de la Seine depuis 2017 et portant sur la mesure des flux de macrodéchets et de leur typologie de la zone urbaine à l’estuaire. Leur implication en termes de politiques publiques sera discutée à la lumière des propositions qui émanent du " traité mondial de lutte contre la pollution plastique, juridiquement contraignant et fondé sur une approche globale couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques ".