Ce chapitre propose de questionner les choix d’aménagement des pouvoirs publics dans le temps long en lien avec les innovations permettant d’augmenter la vitesse des modes doux. Ces « modes doux assistés », dont il est question dans cette contribution, sont les VAE (dont la vitesse est augmentée par rapport à celle du vélo classique), les trottinettes et autres engins de déplacements personnels non motorisés, et les trottinettes à assistance électrique (dont la vitesse est supérieure à celle de la trottinette classique). L’hypothèse est que la diversification des vitesses des modes de transport individuels, en complexifiant les interactions au sein de l’espace public, remet en cause l’ambition de faire coexister les modes de déplacements et met en exergue la double dimension technique et politique de la question de la gestion des conflits et des différentiels de vitesse. Après avoir présenté la diversification des vitesses et des usages des modes individuels, nous aborderons le contenu de deux visions contrastées de la gestion des conflits d’usages : la séparation des usages issue des principes de la Charte d’Athènes, et corrélée à une préoccupation de performance des vitesses et des flux versus l’intégration des modes au sein d’un même espace associé à la rhétorique de l’apaisement, et nécessitant une baisse des vitesses. Ce retour à une spécialisation de l’espace public sera illustré par l’exemple d’aménagements récents dans ses dimensions urbaines comme réglementaires.